Ce qu’il me reste de motivation ?
Je rêve d’un mouvement musical qui intégrerait plus globalement une dynamique culturelle à la hauteur des enjeux sociétaux de notre temps et plus particulièrement, de l’immense défi écologique qui affecte déjà le vivant dans sa globalité, et dont l’impact sur le futur de l’humanité sera d’une importance capitale, pour ne pas dire vitale.
Un mouvement qui agirait dans un premier temps comme un contre-pouvoir et qui représenterait dans sa diversité plus ou moins radicale, une génération soucieuse de son avenir et de tout ce qui vit sur Terre.
Pour être franc, il m’est inconcevable d’imaginer que dans quelques décennies, à l’écoute d’une rétrospective musicale des années 2020, rien ne puisse témoigner auprès de nos descendants que la crise écologique était bel et bien connue de tous et qu’aucun doute n’était alors permis quant à son origine.
Mais comment concilier musique et écologie ?
Très simplement les amis ! Pour les musiques qui contiennent des paroles, l’aubaine est toute trouvée ! Il serait fort bienvenue qu’une nouvelle génération d’auteurs vienne à surgir, animés par leur appropriation des sujets qui bousculent notre époque et qui nous responsabilisent pour celles à venir. Bien sûr, il n’est pas souhaitable de se retrouver qu’avec des chansons ayant pour vocation de devenir des étendards mobilisateurs de troupes voués à être clamé le poing levé par des militants en liesse… Après tout, que serait un monde sans chanson d’amour par exemple ?
En revanche, je pense que la mise en avant, ou en retrait, d’éléments à fort potentiel symbolique tels que les accessoires, les décors, les paysages, et même les scénarios qui composent les différents visuels associés aux œuvres musicales (clips, pochette d’album, etc.) pourraient avoir une efficacité significative dans l’élaboration d’un imaginaire collectif qui représenterait un nouvel idéal de vie. Sinon pour les moins emballés, un peu de sobriété suffira.
Par exemple, je ne crois pas qu’il soit délirant d’imaginer une scène où le protagoniste aussi riche et célèbre qu’il puisse être, se déplacerait en petite voiture hybride, ou mieux, à vélo, pour aller à la rencontre de son amoureux.se, à qui il ferait la surprise d’un dîner végétarien et bio (allez soyons fou) sur le sable chaud d’une crique sauvage par exemple, ou dans un parc en ville on s’en fou… Plutôt que de scénariser une arrivée tonitruante en Jet privé pour ensuite redécoller en direction de Dubaî et finir attablé autour de deux entrecôtes recouvertes d’or…
Mais enfin, je m’arrête là concernant les suggestions, car je fais confiance à l’esprit créatif de ces fameux artistes que je me languis de voir émerger.
Pour ma part, je mise énormément sur les textes de mes chansons et j’essaie, autant que faire se peut, d’éviter d’exposer certaines grandes marques qui n’ont, de toute façon pas besoin de publicité.
À contrario dans les clips de «Système» et «Aviator» j’ai décidé de laisser apparaître les logos de mes casquettes.
Pourquoi ?
Parce que la première, de la marque PICTURE est en coton bio, à une visière en liège et un logo qui représente un sapin. La deuxième, est une PATAGONIA, elle a une visière en filet de pêche recyclé et est affublée de son fameux logo qui représente le massif du Fitzroy en Patagonie qui est lui-même incrusté sur l’illustration d’un ours polaire (Symbole de la sixième extinction massive). Or,
Je trouve que la symbolique de ces logos ainsi que les actions concrètes des entreprises auxquelles elles appartiennent, peuvent s’accorder avec les messages que je véhicule. J’ai également inclus dans le scénario du clip «Une nuit», le fait qu’il y est écrit «Vegan» sur la semelle de mes chaussures.
Alors, bien sûr, y a tellement de critères en jeu (sociaux, économiques, techniques, artistiques etc.) qu’il serait d’une facilité enfantine de relever une montagne d’éléments qui entreraient en contradiction avec l’idéal de vie écoresponsable dont je parlais plus haut. Mais je fais pour le mieux, que voulez-vous que je vous dise !?
Pour conclure,
Voilà ce qui me fait tenir le coup, malgré mon talent tout relatif, les maigres moyens dont je dispose, les barrières psychologiques que je m’inflige et mon influence qui est pour le moment, soyons honnête, à peu près nul. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, je pense que ce sont de bonnes raisons.
Stéphane